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La nature du Québec est l’enjeu principal de la peinture de Mariola Nykiel. Elle investit les éléments constitutifs du paysage avec une énergie qui tient autant de l’intellect que de l’émotion. L’eau, la terre, le ciel–composantes mystiques du monde primal selon la philosophie orientale – sont chargés d’une force particulière qui traduit la vénération presque païenne de la nature et un tempérament d’artiste volontaire et optimiste. Ainsi, les trois éléments de base deviennent l’expression d’une forme de rationalité occidentale affirmative, que l’on peut contraster aux formes plus vaporeuses et méditatives de l’art classique de l’Extrême-Orient. Néanmoins, en toile de fond pour l’art oriental, ainsi qu’à l’arrière-plan de la peinture de Mariola Nykiel, se trouve une vision panthéiste de la Nature investie d’une puissance quasi divine. Il est intéressant de relever que les anciens Slaves attribuaient à la forêt et la rivière des forces transcendantes. Il y a un lien à établir entre l’expression de Mariola Nykiel et le chamanisme de l’immanence magique des pierres et des arbres chez les Amérindiens. La sacralité de la nature traverse les âges. Au tournant du vingtième siècle, le romantisme polonais traduit par des couleurs exacerbées la féerie de la nature. Ce sérieux thématique accompagné d’étonnement et de sentiment fusionnel informe une gestualité menée de main ferme par un intellect qui poursuit à chaque pas l’émotivité. Un élément particulier doit être relevé dans cette peinture qui déclare sans vergogne force et fraîcheur : la sensation de vitesse. D’une toile à l’autre dans la série Kamouraska, la vitesse de l’exécution s’impose au spectateur – les traits de pinceau se succèdent comme une pluie lumineuse – le ciel, l’herbe d’automne et l’eau cristalline sont reliés par l’omniprésence de la vélocité et de la directionnalité dans l’exécution. Ces éléments constituent le style de Mariola Nykiel, en quelque sorte ils deviennent son image de marque, ou encore la voie royale vers le tréfonds de son âme. En somme, ce qui nous émeut c’est la franchise de sa démarche. Au-delà de la peinture, un caractère et même une vision de la culture. Contraste et complémentarité : pérennité des saisons de Kamouraska et, en filigrane, vitesse d’un nouveau monde virtuel. Les paysages du Bas Saint-Laurent évoqués par Mariola Nykiel possèdent un lien clair avec l’univers plastique du Groupe des Sept : même vision d’une nature bâtie de lignes de force, de contours fortement délinées ; que ce soit au Canada ou au Québec les visions de la nature sont vigoureuses en opposition aux images vagues et atmosphériques des Impressionnistes. Cependant, quoique Mariola Nykiel partage cette fascination pour la force intrinsèque du paysage qui caractérise le Groupe des Sept, elle impose à ses vues de plaine fluviale une vitesse dans la formation de l’image sur la rétine qui était absente dans l’iconographie plus statique du Groupe des Sept. On peut longuement méditer sur l’accumulation à première vue contradictoire entre solidité et vitesse. Cette exposition qui marque la célébration de 400 ans depuis la fondation de Québec, met en exergue des paysages du Bas Saint-Laurent, voie empruntée par les explorateurs qui se dirigeaient vers la Vieille capitale : les sites fluviaux dépeints par l’artiste sans leur essence dynamique rappellent la richesse et la subtilité reliées à la notion de pays; la vibration de l’air, le frisson que nous suggère la prairie dans ses humeurs automnales captées par la peinture de Mariola, nous créent des sensations semblables à celles qu’aient pu éprouver les premiers explorateurs qui apercevaient ces magnifiques paysages. André Seleanu Critique d’art Vie des arts |